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Alimentation animale Les farines animales à nouveau en débat dans le contexte de la crise du porc

L'hypothèse d'un retour de farines carnées dans l'alimentation de certains animaux d'élevage refait surface dans le contexte d'une crise du porc liée notamment à la flambée des céréales, huit ans après l'interdiction de ces farines pour contrer la maladie de la vache folle.

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"On travaille ces questions. Tout ce qui peut contribuer à baisser le coût de production est bon à prendre", explique Paul Auffray, secrétaire général de la section porcine de la Fédération nationale des exploitants agricoles (Fnsea). Coincés entre la hausse du coût des matières premières et la faiblesse des cours du porc, les éleveurs perdent actuellement 30 euros par bête produite, selon lui. "Mais on est prudent. Il ne faudrait pas que ça effraie le consommateur, et puis auprès des distributeurs qui communiquent sur le tout végétal dans l'alimentation animale, c'est pas évident", poursuit cet éleveur des Côtes d'Armor.

A la Cooperl, numéro un du porc en France basé à Lamballe (Côte d'Armor), le directeur général, Emmanuel Commault, estime également que cette réintroduction serait "souhaitable", "dans des conditions de sécurité sanitaire" qui conviennent.

Et la Confédération paysanne de son côté n'est "pas du tout opposée à rediscuter" cette question, explique Loïc Gours, président de la commission porc pour la Bretagne de ce syndicat minoritaire.

Michel Barnier « très réservé »

Selon l'Inaporc, des représentants de producteurs ont déjà demandé l'automne dernier au ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, de plaider à Bruxelles pour un réexamen de l'interdiction des farines carnées, décidée en décembre 2000 à la suite de la crise de la vache folle. Interrogé sur ce point lors de la visite d'une exploitation porcine le 8 février à Corps-Nuds près de Rennes, M. Barnier s'est dit "très réservé". "Il y a des expertises qui sont en cours au niveau européen à ce sujet. Attendons les résultats", a-t-il déclaré.

L'UE finance en effet des recherches visant à déterminer si certaines farines animales, à base de porc et de poulet, peuvent être réintroduites, avait indiqué Bruxelles en juin 2007. En octobre dernier, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) consultée par le Parlement, a même estimé que "le risque de transmission de l'encéphalopathie spongiforme bovine au porc en utilisant des protéines de volaille et vice versa est négligeable". Mais "il n'existe pas aujourd'hui de test qui permette de savoir si une farine provient de telle espèce ou de telle autre", a expliqué à l'AFP une porte-parole du ministère.

« Risque trop important dans l'immédiat »

Pour cette raison, M. Auffray estime que les farines animales ne seront pas réintroduites avant quelques années, compte tenu de la difficulté de mettre "des filières étanches entre les différentes viandes" pour éviter tout risque de "cannibalisme". "Aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour assurer une traçabilité. Les usines ne sont pas équipées", renchérit Loïc Gours. Pour la Confédération paysanne, "évidemment à terme, peut-être qu'il faut travailler pour y arriver mais dans l'immédiat, pour gagner quelques euros par tonne, le risque nous paraît trop important".

"L'aliment a augmenté de 110 euros la tonne en un an. Les protéines animales ne permettraient de gagner que quelques euros", confirme M. Auffray. La solution à cette crise du porc "sans précédent" passe donc toujours d'abord par de nouvelles aides à l'exportation, selon la Fnsea, et par une baisse de la production, selon la Confédération paysanne.

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